vendredi 16 février 2018

Antisémitisme en Pologne ? L’auteur de best-seller Tuvia Tenenbom a enquêté, et ça décoiffe....


La Pologne envoie constamment des messages contradictoires, à l’Union européenne, à Israël, et aux juifs à propos de l’holocauste et des camps de la mort sur le sol polonais. Assez contradictoires pour avoir attiré l’attention de notre ami, le journaliste d’investigation et auteur de best-seller Tuvia Tenenbom.

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« Tenenbom », écrit à son sujet le quotidien allemand Der Spiegel, est « un auteur controversé qui traite des sujets les plus controversés ». Son dernier papier, paru sur Die Zeit, ne fait pas exception.
Aucun des livres de Tuvia Tenenbom n’est disponible en français. Vous pourriez penser qu’un auteur de best-sellers dans plusieurs pays du monde serait courtisé par les éditeurs français. C’est tout l’inverse : ils le fuient. Les éditeurs ne veulent pas le publier justementparce qu’il écrit des best-sellers.
D’une plume puissante, drôle et émouvante, il dit les choses telles qu’elles sont vraiment sur le terrain, et ce qu’il rapporte correspond rarement à la vérité officielle.
Avec son style si particulier, Tenenbon couvre dans l’article qu’il nous a autorisé à traduire pour les lecteurs de Dreuz, les aspects politiques des récents événements de Pologne — le vote d’une loi qui interdit de parler de la Pologne dans le génocide de millions de juifs, le refus de condamner la décision de Trump de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël à l’ONU, et les menaces de sanctions de l’UE.
Tuvia a rencontré des politiques des deux bords, ainsi que le Premier ministre polonais, et leur a posé les questions qui fâchent, pile sur la cible, et qui exposent les mensonges et l’hypocrisie des politiciens.

Les 13 dernières âmes juives de Łódź

Tuvia Tenenbom
Autrefois, je venais en Pologne chaque année, et ce dont je me souviens le plus c’est de ma première visite dans le pays, quand j’étais encore un touriste polonais naïf. J’ai été totalement pris par le pays, la terre de mes aïeux, ses gens et ses mœurs. Physiquement et mentalement, le peuple polonais me semblait très proche de ceux que je connaissais le mieux, les juifs ashkénazes des États-Unis et d’Israël. Ils partageaient un sens similaire du comique, et tous les deux se plaignaient toujours que personne ne les aimait.
Ce n’est guère surprenant, me direz-vous, puisque les Juifs vivent en Pologne depuis environ un millénaire.
Peut-être.
La ville que j’ai visitée pour la première fois était Łódź, une ville qui abritait des centaines de milliers de Juifs, alors que les Juifs vivaient encore en Pologne.
Ce qui m’a frappé instantanément, c’étaient les interminables graffitis d’étoiles de David partout. Ils doivent aimer les Juifs ici, me suis-je dit. Vendredi soir, quand les juifs religieux accueillent le Shabbat, je suis allé à la synagogue pour être avec les gens bien-aimés de Łódź.
Je n’oublierai jamais ce soir.

Les Polonais voulaient finir ce que les Allemands n’avaient pas fini. Personne ici ne nous aime

Quand le service religieux a été terminé, je me suis approché d’un des fidèles, un vieux Juif avec une longue barbe, et je lui a fait part à quel point j’étais impressionné par l’amour pour les Juifs que j’avais vu déborder des rues de Łódź.
Il m’a dévisagé, comme s’il regardait le plus grand idiot agaçant qu’il ait jamais vu, et il a m’attrapé par le bras gauche.
« L’amour? » m’a-t-il demandé. « À la fin de la guerre, très peu d’entre nous ont survécu. J’étais l’un d’entre eux. Nous avons pris le train pour rentrer à la maison que nous avons quittée pendant la guerre. Au milieu de nulle part, pendant que le train roulait, les Polonais se sont levés et ont commencé à nous tirer dessus, sur chaque Juif qu’ils voyaient dans le train. J’ai sauté du train et ils tiraient encore sur moi. Mais j’ai survécu. Les Polonais voulaient finir ce que les Allemands n’avaient pas fini. Personne ici ne nous aime. »
Il me faudra encore quelques jours pour réaliser que les étoiles de David n’étaient pas des signes d’amour, mais de haine.
Łódź, qui abrite l’un des plus grands cimetières juifs d’Europe, a deux clubs de football qui ont été fondés il y a plus d’un siècle ; l’un appartenait à un Juif et l’autre était dirigé par un Juif.
Les Juifs polonais, presque tous, sont partis depuis longtemps, mais les clubs restent.
L’un de ces clubs s’appelle Widzew, et ce sont bien ses supporters qui ont l’habitude de peindre avec des bombes de peinture le nom de leur équipe chérie sur tous les murs qu’ils rencontrent.
Naturellement, Widzew n’est pas apprécié de tous. Par exemple, ceux de ŁKS, le club de football concurrent. Et quand un supporter de LKS voit le nom de Widzew, il peint deux lettres sur Widzew, un Z sur le W, et un Y sur le I pour faire Zydzew. Zyd Ça veut dire juif en polonais.
Une fois cela achevé, il griffonne le nom de son club sur le mur, ŁKS.
Le fan de Widzew qui découvre avec horreur la honte faite au nom de son club, peint immédiatement une étoile de David autour de la lettre K de ŁKS.
Bref, chacun d’eux dit la même chose à l’autre : « vous êtes un Juif ! » Pour eux, Juif, c’est le mot le plus odieux au monde, pire même que celui de Satan, Juif!
Parfois, les créateurs des graffitis de Lodz aiment peindre des images. Par exemple, un Juif ou une étoile de David pendus à une potence.
J’ai fini par en avoir assez de cette célébration de l’antisémitisme dans les rues de Pologne, et je suis parti sans revenir.
À la fin de l’année dernière, la Pologne a grimpé en flèche dans l’actualité lorsque le pays a affronté à deux reprises l’Union européenne.
  • La première confrontation était assez grave: la CE, la Commission européenne, a annoncé qu’elle avait décidé d’engager des mesures disciplinaires contre la Pologne en vertu de «l’article 7», ce qui pourrait finalement entraîner la suspension des droits de vote de la Pologne.
Dans un communiqué de presse, la CE déclarait que :
« Sur une période de deux ans, les autorités polonaises ont adopté plus de 13 lois affectant toute la structure du système judiciaire en Pologne » et que, « malgré des efforts répétés, pendant presque deux ans, d’engager les autorités polonaises dans un dialogue constructif dans le cadre de la règle de droit, la Commission a conclu aujourd’hui qu’il existe un risque évident de violation grave de la règle de droit en Pologne. »
  • Le deuxième affrontement était avec la majorité de l’UE, et il concernait Jérusalem.
Peu après la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution pour annuler sa déclaration et la Pologne, à la différence de la plupart des pays de l’UE, s’est abstenue. Même l’Allemagne, le pays qui ne vote généralement pas en faveur des résolutions critiques envers Israël, a voté pour la résolution. Mais pas la Pologne.
L’UE, une entité que je suis depuis quelque temps, a, depuis quelques années, montré des signes d’antisémitisme croissant. Naturellement, après dix ans d’absence, je décide de visiter à nouveau cet État paria de l’UE, la Pologne.
Le paysage politique, dont j’ai lu l’évolution dans les médias, a changé.
Le Parti conservateur Droit et Justice, connu sous son sigle polonais PiS, un parti fondé par son leader Jarosław Kaczyński, forme le gouvernement actuel de la Pologne, avec le Premier ministre Mateusz Morawiecki à sa tête.
L’ancien gouvernement, dirigé par le Premier ministre de l’époque, Donald Tusk, et son Parti de la Plate-forme civique, libéral d’esprit, était le chouchou de l’UE, et Donald Tusk a rapidement décroché le poste de président du Conseil européen. Mais contre toute attente, de nos jours M. Tusk est l’un des plus forts critiques de la Pologne.
Et c’est ainsi qu’au début de 2018, je vole en Pologne.
Bien sûr, par curiosité, je vais d’abord à Łódź. Le maire de Łódź est le membre de la Plate-forme civique, et j’espère que la ville d’aujourd’hui est très différente de ce qu’elle était auparavant.
C’est samedi en fin de matinée que les « membres actifs de la communauté juive de Łódź  » — c’est ainsi qu’ils se présentent à moi — sont assis à la synagogue pour célébrer le Shabbat.
En tout, le nombre de Juifs présents au service d’aujourd’hui est de treize. Officiellement, il y a environ une centaine de Juifs à Łódź, mais personne ne sait où ils sont.
Sur les treize d’entre eux, certains sont nés juifs, d’autres sont convertis, d’autres voudraient être juifs, et d’autres encore pensent qu’ils sont juifs.
Le vieux Juif avec la longue barbe n’est plus là; il nous a quittés. Il n’y a personne ici pour m’attraper par le bras. Juste treize Juifs, ou ceux qui voudraient l’être, et ils n’attrapent le bras de personne.
À la fin de la prière, les treize personnes s’installent pour manger du gâteau. Je les rejoins. J’en mange trois tranches. C’est un moment triste et doux : une communauté mourante autour d’un gâteau sucré.
Et puis je pars.
Dehors il fait très froid. L’air est glacial. Mais j’aime Łódź, même lorsqu’il fait froid. Il y a quelque chose à Łódź, une ville pas encore teintée par les étrangers, comme Cracovie ou Varsovie. Łódź est réel. Łódź c’est la Pologne pure. Il fut un temps où, longtemps avant que je sois conçu, Łódź était un important centre de fabrication textile, et les propriétaires d’usines, dont plusieurs étaient Juifs, ont érigé les manoirs et les palais les plus extravagants de la ville. Par conséquent, des centaines de milliers de personnes à la recherche d’un emploi solide se sont installées ici. Mais après quelque temps, pour une raison historique ou une autre, les machines textiles se sont arrêtées, beaucoup de gens sont partis, et la ville a plongé dans la pauvreté, la dépression et l’atonie. Les palais et les manoirs autrefois extravagants, une joie pour les yeux, se sont transformés en horreurs géantes, la demeure de fantômes.
Je marche dans les rues de Łódź et les étoiles de David me regardent de tous les côtés.
Rien n’a changé.
13 juifs, 700 000 chrétiens et une myriade d’étoiles de David.
Les libéraux dirigent cette ville.
J’ai presque oublié.
Il faut que je mange.
Plus tôt dans la journée, la dame de la réception de mon hôtel m’a recommandé de visiter un restaurant qui correspond aux besoins des touristes juifs.
J’y vais, et une serveuse me conduit à ma table.
La musique de fond est israélienne, en hébreu.
Je commande du gefilte fish, du tcholent et du kougel.
Que puis-je dire? C’est de la nourriture juive faite par des non-juifs. Sur le plan gustatif, cela me rappelle l’Eucharistie.
Je commande un whisky.
Le whisky est bon.
Avant que l’addition arrive, et en guise de reconnaissance que j’ai visité leur établissement, je reçois un Zydki, un «petit juif». C’est une petite statuette représentant un juif religieux, et il porte un Grosz, un penny.
Ils ont toutes sortes de Zydkis dans leur collection, me dit la serveuse.
Et chaque Zydki porte un Grosz.
Depuis des temps immémoriaux, ne le saviez-vous pas, chaque Juif a de l’argent.
Devrais-je pleurer, ou devrais-je rire ?
J’avais des doutes, mais le lendemain, ce Zydki, votre humble serviteur, décide d’unir ses forces à celles de Jésus, un autre Zydki.
Je vais à la plus grande église de Łódź, la cathédrale de Łódź.
Quel endroit! Énorme, puissante, belle, glorieuse, majestueuse.
Il est 12 h 30 et les bancs se remplissent, un siège après l’autre. Voici les vieux, voici les jeunes, les femmes et les hommes, tous prêts à communiquer avec mon Zydki et sa maman.
Monseigneur Ireneusz Kulesza dirige le service. C’est un homme plein de charme, une forte présence, et il sait par cœur ce qu’il doit faire. Le service se déroule sans aucune interruption, tout se passe bien ; aucun article 7 ne sera initié ici.
À la fin du service, je m’approche du Monseigneur, car je suis intrigué par lui, et il m’invite dans sa résidence privée pour une tasse de café et de la tarte.
La vie est belle !
Il a une maison modeste, mais très chaleureuse. La seule chose qui manque ici est une conjointe aimante, mais ça ne risque pas de se produire dans l’immédiat.
Il me verse du café italien, et il me sert de la tarte aux pommes polonaise.
Nettement meilleure, je dois le constater, que celle à la synagogue.
Après être devenu le témoin de la présence des 13 dernières âmes au service à la synagogue, je me demande combien de personnes prient à la cathédrale.
« Il y a huit cents sièges dans la cathédrale », répond Monseigneur, « et il y a huit services le dimanche. Certains services sont plus populaires que d’autres et, en moyenne, 4 500 personnes y assistent chaque dimanche au total, y compris un bon nombre d’étudiants d’une université voisine. »
La religion est en baisse à travers l’Europe, mais manifestement, le choses vont bien ici. En quoi consiste le secret ?
« Pendant 123 ans, la Pologne n’existait pas politiquement, puisque le pays était occupé par la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie. La seule chose qui a uni les Polonais tout au long de notre histoire était la langue polonaise qui a été utilisée par l’église. De même, pendant le communisme, vous ne pouviez entendre la vérité qu’à l’église. »
Comment trouvez-vous le gouvernement actuel?
« Le gouvernement actuel », me dit-il tout en m’encourageant à prendre une tranche de plus de sa tarte aux pommes, « est composé de catholiques et est plus véridique pour le peuple ».
Certaines personnes disent, comme je l’ai entendu, que le gouvernement est antisémite. Qu’est-ce que vous en pensez?
« Absolument pas! »
L’ancien gouvernement était-il antisémite?
« Il n’y a pas d’antisémitisme en Pologne ».
Et non seulement il n’y en a ni en Pologne, ni dans l’ensemble du monde catholique.
« Il n’y a ni d’antisémitisme ni d’anti-islamisme dans la doctrine catholique. »
Vous pourriez conclure que ce prêtre est un grand partisan de l’installation des réfugiés du Moyen-Orient sur cette terre [polonaise].
Eh bien, détrompez-vous. Sa Sainteté est favorable pour accueillir les chrétiens syriens, mais pas les musulmans syriens.
« Quand je vois ce que les musulmans font aux chrétiens là-bas, je ne les veux pas ici. »
Au fait, ce n’est pas qu’il hait les musulmans. Il est très contre le président américain actuel qui a déclaré que Jérusalem était la capitale d’Israël.
En finissant ma deuxième tranche de tarte, j’essaie de comprendre sa logique : il prend le côté musulman dans l’affrontement avec les juifs sur la question de Jérusalem, mais il ne veut pas de musulmans ici.
Monseigneur Ireneusz Kulesza m’offre une autre tranche, la troisième, et je lui montre des photos que j’ai prises ces derniers jours dans les rues de Łódź, illustrant les graffitis antisémites partout. Pourrait-il répéter son affirmation selon laquelle il n’y a pas d’antisémitisme ici ?
Je continue à mâcher la tarte et au moment où j’en ai fini, le prêtre s’est converti. Jérusalem, dit-il maintenant, appartient aux Juifs, Tak [pas si mal], et il pourrait se prononcer devant ses fidèles contre les graffitis dans une semaine. Pourrais-je lui envoyer les photos ? Il demande que oui.
Il propose que je prenne une tranche de plus, mais j’en ai assez. Il est temps de sortir et de rencontrer des gens.
Je conduis à travers la ville, je tourne encore et encore, jusqu’à ce que j’arrive dans un quartier avec de nombreux bâtiments laids en ciment massif.
Je me déplace près d’un tel bâtiment.
Je me demande : est-ce une usine?
Probablement pas, puisque je suis en plein centre-ville.
Peut-être que c’est une écurie.
Mais où sont les chevaux ?
Voyons donc.
Je sors de la voiture.
Juste en face, je vois quelques petites étoiles de David, ce qui signifie que ce n’est probablement pas la demeure de chevaux. Des gens doivent vivre ici.
J’attends un moment jusqu’à ce qu’un homme s’approche, portant un sac en plastique avec un peu de nourriture à l’intérieur.
Rafał est son nom. Pas David.
Il a 26 ans et il a une petite amie, mais elle n’habite pas ici. Voici sa maman. Il vit avec sa maman.
Rafał a aussi un travail, pas seulement une petite amie.
Il travaille pour Dell en tant que technicien.
Ou c’est ce qu’il dit.
Et il me laisse entrer pour voir son intérieur.
Meublé, petit et de la qualité la plus médiocre, cela conviendrait pour un chien, seulement Rafał et maman ne sont pas des chiens.
Cet appartement est pratiquement un trou dans un édifice en ciment.
Cela pourrait servir de décoration pour un film d’horreur américain.
Seulement ce ne sont pas des décorations.
C’est une maison.
Sans toilettes.
« Les toilettes », me dit Rafał, « sont dehors. »
Où est ta salle de bain, Rafał ?
Il montre un lavabo, le seul lavabo ici.
Prends-tu parfois une douche ?
« Oui. »
Où? Comment?
Il montre le robinet, au-dessus de lavabo.
Et…?
Eh bien, il verse de l’eau du robinet sur son corps.
Il y a aussi un tuyau ici, planté au milieu du trou.
Qu’est-ce que c’est que ça?
« Le chauffage. »
Combien coûte le plaisir de vivre ici ?
« 200 zlotys [48€] par mois, plus 1 000 par an [240€] pour le chauffage. »
Dans la cage d’escalier, et à l’entrée de son appartement, il y a un certain nombre d’étoiles de David.
C’est quoi comme symbole ?
« Un symbole juif. »
Es-tu Juif ?
« Non. »
Alors pourquoi l’avez-vous ?
Rafał ne souhaite pas répondre, il se contente de me dire qu’il y avait un ghetto juif dans la ville.
Qui est le meilleur, Rafał, le parti de Tusk ou le parti de Kaczyński ?
« Kaczyński. »
Je quitte le trou, je traverse la rue et je cherche ses toilettes.
C’est un petit bâtiment en ciment et la porte s’ouvre.
Il fait sombre à l’intérieur.
Il y a plusieurs cabinets de toilette ici. Il y a une rangée de cabinets de toilette, chacun a une porte en bois, sale et bon marché, et elles sont toutes verrouillées. Il fait froid là-dedans. Oh là là ! Il fait tellement froid ! Froid et sombre.
Combien de Polonais vivent comme ça ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que j’ai rarement vu une telle pauvreté auparavant.
Les jours passent, et la première semaine de mon séjour en Pologne prendra bientôt sa fin. Monseigneur Kulesza tiendra-t-il sa parole et parlera-t-il à ses fidèles des étoiles de David de Łódź ?

De telles images sont offensantes et douloureuses pour les Juifs. Et je veux vous rappeler que le judaïsme est à la base de notre religion. Peut-être devrions-nous consacrer une journée spéciale à peindre par dessus ces graffitis vulgaires

Le jour fixé, dimanche, je vais à la cathédrale de Łódź.
Monseigneur Ireneusz Kulesza mène la messe. Il le fait aussi bien aujourd’hui qu’il l’a fait la semaine dernière.
Et puis il fait un sermon pour ses fidèles, des centaines de catholiques de Łódź.
Il leur dit que je lui ai envoyé quelques photos.
« Montrez-les, s’il vous plaît, » ordonne-t-il à un employé invisible.
Les étoiles sont projetées sur l’écran de cette immense église. Les paroissiens ne peuvent pas les ignorer, et regardent en face leur création la plus laide. Juste devant eux.
« Nous savons que les clubs de football de Łódź s’insultent les uns les autres, et ils lancent souvent des mots comme ‘Juif’ les uns aux autres. »
« Montrons encore plus de photos », dit-il à l’employé invisible.
Une série de photos, dont certaines portent le mot « Jude », apparaissent sur l’écran.
« Regardez à quel point cela rend notre Łódź laid », dit-il à sa paroisse.
Les paroissiens regardent l’écran, le visage figé.
Les images laides, l’une après l’autre, apparaissent sur cet écran, pendant qu’il continue à parler :
« De telles images sont offensantes et douloureuses pour les Juifs. Et je veux vous rappeler que le judaïsme est à la base de notre religion. Peut-être devrions-nous consacrer une journée spéciale à peindre par dessus ces graffitis vulgaires ; les supprimer des murs, des poteaux. Le monde n’en deviendrait-il pas plus merveilleux ? Et notre Łódź ? Notre Pologne ? »
Je quitte Łódź, ma ville polonaise bien-aimée, et je me rends à Varsovie, la capitale de la Pologne.
Les vendeurs de cigarettes de la Place des Trois Croix* (« The Cigarette Sellers of Three Crosses Square ») de Joseph Ziemian est l’un des livres les plus touchants que j’ai jamais lus sur l’Holocauste, et voici, la place des Trois Croix est juste en face de moi. Quel accueil étrange et pourtant chaleureux.
C’est alors que je remarque le graffiti sur le mur juste à côté de moi, une étoile de David suspendue à une potence, un souhait graphique que les Juifs puissent mourir.
À Varsovie, il n’y a pas beaucoup de graffitis antisémites, mais ici, ils vendent des Zydkies avec de gros nez pour porter chance, comme je le découvre bientôt. Si vous possédez un Zydki, me dit-on, vous réussirez bien dans les affaires.
Je vais à Karma.
Karma Cafe
Karma, un café sur la place du Saint-Sauveur (Plac Zbawiciela), est un endroit pour les gens cool. Voici les citadins jeunes, chacun avec un compagnon ou un ordinateur Apple, et ils s’embrassent ou écrivent.
Bartek, plus âgé que les autres, est un ancien banquier, et il ne vit pas dans une maison sans toilettes. Bartek, en fait, se porte tellement bien [financièrement] qu’il n’a pas besoin de travailler du tout. Il est catholique et il soutient le parti PiS (Droit et Justice). Il croit que les programmes sociaux, comme celui connu sous le nom «500+», sont extrêmement importants.
« C’est la première fois », dit-il, « qu’un gouvernement polonais se soucie des gens. »
À la table à côté de lui est assis Maciej, un grand homme avec une barbiche.
Maciej préfère le parti de la plate-forme civique.
Pourquoi ?
« C’est suite à ce que j’ai lu dans le journal. »
Il lit probablement Gazeta Wyborcza («Le journal électoral»), le principal journal libéral de Pologne.
« Être Polonais », me dit Maciej, « ne veut rien dire ».
Ça lui est égal, cela ne le dérangerait pas d’être né allemand ou français.
« Ce qui est important », dit-il, « c’est de marcher dans les rues de Varsovie avec une belle fille à vos côtés. »
Je pars de Karma et vais à la rencontre d’autres gens dans cette grande ville de Varsovie.
Joanna, une ancienne catholique mariée à un Juif, est totalement opposée au parti PiS, et elle est très critique envers la société polonaise en général.
« L’antisémitisme en Pologne, me dit-elle, est de 60% à l’extérieur de Varsovie et de 30% à Varsovie ».
Ce ne sont pas les statistiques qu’elle a lu quelque part, mais c’est son impression.
Paul, un jeune père, me dit que « les journalistes disent aux gens que le PiS est mauvais, mais les gens leur répondent: venez vivre avec nous, en dehors de Varsovie, et vous verrez que le PiS est bon. »
Malgré le fait que le PiS soit un parti extrêmement conservateur, Paul m’explique qu’il n’hésite pas à poursuivre des idées et des programmes sociaux, tels que 500+. Grâce à ce programme, initié par le PiS, chaque enfant par famille, en commençant par le deuxième enfant, reçoit 500 zlotys [120€] par mois du gouvernement. Certaines personnes, en particulier celles des familles les plus nombreuses, ne sont plus obligées de travailler dur pour gagner cet argent.
Piotr Buras, le directeur du bureau de Varsovie du Conseil européen des relations internationales, un groupe de réflexion libéral financé en partie par le milliardaire américain George Soros, me dit que le PiS donne aux gens le sentiment qu’il pense à eux, et un sentiment d’unité et de communauté. Les libéraux, dit-il, sont généralement très faibles [sur ces sujets] et n’offrent pas ce PUBLIÉ PAR JEAN-PATRICK GRUMBERG LE 15 FÉVRIER 2018
genre de sentiments.
Je n’ai jamais rencontré aucun membre du PiS, peut-être qu’il est temps de le faire.

Rencontre avec Jarosław Sellin, secrétaire d’État, ministère de la Culture

Le lendemain, je vais rendre visite à Jarosław Sellin.
Le titre officiel de Jarosław Sellin est : secrétaire d’État, ministère de la Culture et du Patrimoine national.
Il m’accueille dans son beau et spacieux bureau, avec une tasse de café et un verre de soda.
Pas de gâteaux ici. Oublie.
«Pourquoi la CE est-elle opposée à la Pologne ?», je lui demande.
Il me dit qu’il aimerait l’apprendre aussi. Les accusations contre les changements que son parti apporte au système judiciaire polonais sont sans fondement, affirme-t-il. Les changements apportés par le PiS mettent le système juridique polonais sur un pied d’égalité avec le reste des membres de l’UE — et même à un meilleur niveau.
« En Allemagne, les juges peuvent être membres de partis politiques », dit-il, « ,mais en Pologne, ils ne le peuvent pas. La Pologne n’est-elle pas [en cela] supérieure à l’Allemagne? »
Quels sont les changements?
« Dans l’ancien système », répond-il, « les juges sélectionnaient les juges pour les juridictions suprêmes du pays. Son parti est en train de changer cela, en instituant que le parlement se joigne également au processus de nomination des juges — juste ‘comme dans beaucoup de pays’ d’Europe ».
Pourquoi, alors, les gens de l’UE sont contre vous ?
« Parce qu’ils sont de gauche. »
Voulez-vous dire que si le gouvernement actuel était composé de gens de gauche, ces mêmes changements auraient été acceptés ?
« Je crois que oui. »
Mais les membres du PiS ne sont pas de gauche. Par exemple, l’avortement n’est légal que dans trois cas.
« Quand la vie de la mère est en danger ; lorsque la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste ; quand il est déterminé que le fœtus porte une maladie héréditaire, comme le syndrome de Down, ce qui représente 95% des cas. »
Que ferez-vous si l’UE vous dit: « Si vous insistez pour garder vos changements judiciaires, nous retirerons tout soutien financier de la Pologne! »?
« Ce n’est pas la meilleure façon de parler aux Polonais. »
J’ai lu quelque part, il y a quelques jours à peine, que le gouvernement israélien avait publié un sondage disant que l’antisémitisme en Pologne est en train d’augmenter et que 18% des Polonais veulent que les Juifs qui vivent encore en Pologne quittent le pays. Êtes-vous au courant de cela?
« Je ne sais pas d’où viennent ces chiffres. L’antisémitisme en Pologne est minime. »
Jérusalem est-elle la capitale d’Israël, oui ou non ?
« Oui. »
Je sirote ma tasse de café, puis mon verre de soda, et m’étonne : ce fonctionnaire du PiS n’est pas aussi mauvais que je m’y attendais. Est-ce que j’ai loupé quelque chose ?
Me voilà de retour à mon hôtel de Varsovie, je prends mon temps, je veux me détendre. Au bar, je commande des pierogis, une délicatesse polonaise que j’ai toujours aimée, et je lis les actualités.
Voici celle du Washington Post :
Jérusalem —Une crise diplomatique entre Israël et la Pologne semble s’être intensifiée dimanche alors que Piotr Kozłowski, chef de mission adjoint de la Pologne, a été convoqué au ministère israélien des Affaires étrangères à Jérusalem au sujet d’une loi approuvée par le parlement polonais, selon laquelle le fait d’associer l’État polonais aux crimes commis pendant l’Holocauste est une infraction pénale.
Que se passe-t-il ici ?
Les politiciens israéliens, de tous les bords politiques, condamnent sévèrement cette loi et exigent que la Pologne l’annule immédiatement — ce qui est compréhensible, du moins pour le Zydki [que je suis].
Je discute avec des Polonais et, ce qui est choquant pour moi, c’est qu’ils me disent que la réaction des Israéliens prouve encore une fois que la Pologne ne peut pas compter sur les Juifs, comme elle ne le pouvait pas à l’époque où les Żydokomuna (judéo-communistes) étaient actifs en Pologne. Je n’ai aucune idée de quoi ils parlent, alors ils m’expliquent : Żydokomuna était une police secrète soviétique composée principalement de Juifs, et ils ont assassiné plus de 200 000 patriotes polonais entre les années 1945 à 1956.
L’étoile de David à Łódź, Żydokomuna à Varsovie, des Zydkis partout, l’agressivité vient de toutes les directions. Que diable se passe-t-il en Pologne ?

Rendez-vous avec le Premier ministre, Mateusz Morawiecki

J’ai pris rendez-vous avec le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, qui sera bientôt de retour d’une tournée à l’étranger, et à l’heure prévue, je me présente à son bureau.
Son Honneur et moi avons quelques problèmes sérieux à couvrir.
Quelles sont les caractéristiques qui font de quelqu’un un « Polonais » ? Je lui demande.
« Hospitalité, ouverture, bienveillance à l’égard des gens. Ce sont des qualités que j’appellerais ‘typiquement polonaises’. Et de la créativité. Et trop d’individualisme», me répond-il.
J’ai remarqué quelque chose, mais je ne sais pas si c’est vrai: les Polonais sont des gens qui sentent qu’ils n’ont pas été suffisamment « honorés » par le reste du monde. Est-ce vrai?
« Voici une observation très intéressante. Je pense que je serais d’accord. En Allemagne, ils disent: ‘C’est le mur de Berlin qui a déclenché les changements (la chute du rideau de fer et de l’Union soviétique)’. Les Allemands n’ont rien fait pour obtenir ces changements. Mais ils disent que c’est le mur de Berlin, plutôt que Solidarité, Ronald Reagan et Jean-Paul II. Nous nous sentons trompés. »
Oh, Vierge Mère du bébé juif, nous y revoilà: histoire, histoire, histoire.
Je ne veux pas passer mon temps avec l’histoire. Je veux parler d’ici et maintenant. L' »Article 7, » Jérusalem, la « loi de l’Holocauste ».
Nous commençons par l’article 7.
« À Berlin, me dit-il, seulement 11% des juges qui avaient servi à l’époque de la RDA ont conservé leur emploi après l’unification allemande et dans le reste de l’ancienne RDA. Je pense que 30, 33% des procureurs et des juges sont restés. Pas en Pologne. En Pologne, rien de pareil n’est arrivé. Tous les juges des années 80, qui ont effectivement condamné mes confrères d’armes — parce que j’étais très actif en tant que combattant, combattant de la liberté pour la démocratie — faisaient partie du système judiciaire pendant les années 90. Beaucoup d’entre eux, pas tous, se sont comportés d’une manière complètement inappropriée. »
« Ces juges ‘inappropriés’ ont nommé d’autres juges qui, à leur tour, nomment encore d’autres juges, un processus qui crée un système juridique corrompu », argumente-t-il, et c’est ce que son gouvernement veut changer maintenant.
Si tout est si simple, la menace de la CE est insensée. Est-ce que les Européens n’ont rien de mieux à faire que de s’en prendre à la Pologne sans raison ?
« Non, dit-il. Le vrai problème est que la Pologne ne s’est pas bien expliquée, mais une fois que de la Pologne s’expliquera, tout sera parfait. »
Mais vous vous êtes parlé pendant deux ans ! C’est plus de temps que vous me donnez…
«La discussion se cachait parfois derrière des murs», dit-il en utilisant une expression que je ne connais pas. Et il ajoute, encore une fois, que si les Polonais s’étaient seulement mieux expliqués à propos des changements que le gouvernement apportait au système juridique, « je suis presque certain que nos homologues, comme ceux de la CE, l’apprécieraient ».
Adam Michnik, le connaissez-vous?
« Pas très bien. »
Il m’a dit, à propos de ces mêmes changements: « Ils », ce qui signifie votre gouvernement, « ont le pouvoir de renvoyer tout juge qu’ils veulent et de nommer d’autres à leur place. » Est-ce exact?
« Vous voyez, c’est exactement la manière dont les mensonges se répandent dans toute l’Europe. Ce n’est pas correct. Adam Michnik veut vous tromper. »
Mais vous vous reprochez de ne pas avoir pu expliquer votre position au cours des deux dernières années.
« Oui. »
Comment se fait-il que vous ne puissiez pas expliquer cela?
« Eh bien, je me le reproche, comme vous l’avez dit. Nous aurions dû avoir plus de communication, j’aurais dû communiquer plus. C’est probablement aussi parce qu’il y avait des propos durs avec lesquels nous nous sommes mutuellement offensés. Je ne nommerai personne ici. Quand je compare la situation en Pologne, avec un niveau de corruption très bas et une démocratie qui fleurit et qui est prospère, avec, par exemple, mes amis de Bulgarie, de Roumanie ou de République tchèque — pleins de corruption ! – ou nos amis de Hongrie, je ris, et je pleure. »
Comment se fait-il que les Européens ne le voient pas, si c’est si clair?
« C’est une bonne question. »
Qu’est-ce que vous en pensez ?
« Insuffisante et faible explication de notre part ; interprétation erronée. »
Tout le monde est capable de s’expliquer, même les Tchèques, tous sauf les Polonais ?
« Personne ne fait des réformes aussi profondes que nous. »
Si le CE prend des mesures en réponse à l’article 7, en retirant vos droits de vote, que ferez-vous ?
« Ce sera un moment très triste pour l’Europe ».
Je comprends. Mais allez-vous alors céder aux Européens ?
« Non. Nous nous en tiendrons aux changements parce que nous croyons qu’ils sont nécessaires. »
Il y a un verre de soda à côté de moi, et entre deux gorgées, je lui lis le passage du Washington Post et je lui parle du vieux Juif que j’ai rencontré à Łódź, pendant ma première visite du pays.
Si une personne raconte une telle histoire, je lui demande, sera-t-elle poursuivie devant les tribunaux et emprisonnée?
« Non. Non seulement cette personne ne devrait pas être poursuivie devant les tribunaux, et ne sera pas poursuivie devant les tribunaux, mais des recherches concernant cette question devraient également être réalisées, devraient être favorisées, parce que nous devons faire des recherches suffisantes sur la vérité historique. »
Donc le Washington Post a tort ?
« Complètement tort. La loi adoptée par la législature polonaise concerne ceux qui accusent l’État polonais, et la nation polonaise en totalité, pour le meurtre de Juifs. Il ne s’agit pas de nier que certaines personnes faisaient des choses comme ce que vous avez mentionné. Bien sûr que non. »
« C’est un autre exemple », me dit-il, « où le gouvernement polonais ne s’est pas expliqué ». La fureur du monde à propos de la Pologne ne concerne pas ce que fait le gouvernement polonais sous sa direction, mais plutôt le manque d’explication du gouvernement.
C’est le moment d’évoquer Łódź et ses graffitis, puisqu’il ne s’agit pas d’une histoire qui dépend d’un manque d’explication, mais d’un manque d’action.
Nous sommes en 2018. Les rues de Łódź, et, dans une moindre mesure, d’autres villes et villages de Pologne affichent de terribles graffitis antisémites, contenant des mots tels que « Zydzigaz » [il faut gazer les Juifs] et un nombre incalculable d’étoiles de David.
Pourquoi, je demande à son Honneur, le gouvernement polonais ne fait-il rien pour les effacer, ou imposer une amende à ceux qui les font?
« Nous devons faire plus pour les éliminer complètement. »
Pourquoi ne le faites-vous pas ?
« Nous le ferons. Ces [responsables de graffitis] devront être pénalisés. »
Quand je viendrai l’année prochaine à Łódź, les murs seront-ils propres ?
« Oui, je l’espère. Je vais faire des efforts pour cela. »
Promis ?
“Oui.”
Je reviendrai l’année prochaine !
Mais avant l’arrivée de l’année prochaine, j’ai d’autres questions.
Jérusalem est-elle la capitale d’Israël, oui ou non ?
« Eh bien, nous nous sommes abstenus lors du vote à l’ONU. Nous étions sous la pression de nos partenaires d’Europe occidentale, qui ont un point de vue tout à fait différent à ce sujet. Ils pensent que Jérusalem, depuis 1967, est occupée. »
Qu’est-ce que vous en pensez ?
« Ce que je pense personnellement, je ne peux pas le dire publiquement. »
Qu’est-ce que ça veut dire que l’UE a exercé des pressions sur vous? Quel genre de pression? Que vous ont-ils dit? « M. Premier ministre, si vous votez Oui, si vous votez que Jérusalem est la capitale d’Israël, nous ferons ceci et cela contre vous? » Qu’est-ce qu’ils entendaient par ceci ou cela?
« Je vais devoir laisser ça pour votre propre imagination… »
Si Dieu venait vous voir avant que vous soyez né, et Il vous disait: « Mateusz, je vais t’envoyer sur la terre, déposer ton âme là-bas. Où aimerais-tu être? Quel pays? » Qu’auriez-vous dit?
« J’aimerais être parachuté en Pologne. »
Pourquoi la Pologne? Imaginez: vous êtes un bébé et vous parlez avec Dieu. Pourquoi diriez-vous « Pologne »?
« Nous [les Polonais] pouvons jouer un rôle très positif dans le développement futur de l’Europe. Malgré ce que certaines personnes pensent de nous à Bruxelles, nous sommes très pro-européens, et nous pouvons être le chaînon manquant entre l’Orient et l’Occident. »
M. le Premier ministre: Vous êtes juste un bébé, un petit bébé au paradis! Vous ne connaissez pas les liens entre l’Orient et l’Occident. Dieu vous dit: «Regarde les gens là-bas» et il vous montre tout le monde, et vous devez choisir…
« Certainement, j’aurais aimé être un joueur de football remportant la Coupe du Monde. »
Vous avez complètement manqué votre profession !
“Oui, oui.”
Je dis au revoir au Premier ministre et, lorsque je le quitte, l’image du vieux Juif de Łódź me suit.
Revenez à votre lieu de repos, bon vieux juif, car la Pologne n’est pas aussi mauvaise que vous le pensiez. Reposez en paix et ne vous inquiétez plus ; je garderai un œil vigilant sur ce pays pour vous, je vous le promets.
Traduction française : Oksana Zvirynska

Conclusion

JPG : Tuvia, votre article est comme toujours excellent. Il est différent de toutes les poubelles d’articles qui sont publiés sur le sujet par les grands médias, parce qu’ils sont faussés par la tentation des journalistes d’orienter notre point de vue, afin que nous pensions comme eux. S’ils décident que les Polonais sont mauvais, ils écrivent des articles pour nous influencer et penser que les Polonais sont mauvais. S’ils décident qu’ils sont bien, ils sont prêts à écrire tout l’inverse, et à faire témoigner des experts pour corroborer leur parti pris.
Mais je suis resté un peu sur ma faim à la fin de votre article.
Je suppose que j’attendais votre opinion, votre jugement sur votre rencontre avec le Premier ministre polonais qui s’excuse continuellement pour sa mauvaise communication, ou votre sentiment général sur l’antisémitisme en Pologne, ou sur la loi interdisant de relier la Pologne à l’holocauste.
Tenenbom: Je ne veux pas me joindre à la chorale [des médias] contre la Pologne, comme si ce pays était le pire de l’UE. Ce serait un mensonge. Pour ce qui est de l’antisémitisme, entre [la formulation] tiers-mondiste de l’opinion de la Pologne sur les Juifs et celle de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne ou de la France, j’ai confiance à tous les coups dans ce que disent les Polonais.
Et ils ont le mérite d’être aux côtés de l’unique État juif du monde dans les forums internationaux, comme l’ONU.
Et si tu te demandes pourquoi je n’ai pas écrit cela dans l’article, c’est parce que je ne crois pas au bénéfice d’être didactique, et je ne crois pas à la « prédication » journalistique…
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