jeudi 4 octobre 2012

Witold Pilecki, infiltré à Auschwitz.....


















par David Koskas



Soixante-ans après sa mort, la Pologne espère retrouver le squelette de Witold Pilecki

Ce héros de la résistance serait le seul homme à s'être volontairement fait déporter à Auschwitz, pour pouvoir s'infiltrer dans le camp.

L'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le 1er septembre 1939, marqua le début de la Seconde Guerre mondiale. 

Pilecki avait alors 38 ans. Il s'engagea dans la résistance et vit plusieurs de ses compagnons déportés vers le camp d'Auschwitz, que les nazis utilisèrent d'abord comme camp de concentration et de travail pour les combattants polonais.

Des rumeurs circulaient sur les méthodes utilisées par les Allemands contre les prisonniers. 

Pour en avoir le cœur net et informer la résistance, Pilecki décida de se faire déporter dans le camp.

A cette fin, il se fit volontairement prendre dans une rafle menée par des SS dans une rue de Varsovie, alors qu'il transportait de faux papiers pour cacher sa véritable identité. 

C'est sous le nom de Tomasz Serafinski qu'il entra à Auschwitz, où il reçut le matricule 4859.

Grâce au réseau de résistance clandestin qu'il mit sur pied dans le camp, Pilecki survécut au froid, aux travaux forcés, aux passages à tabac et à la fièvre typhoïde.

Les informations qu'il transmit à ses alliés à l'extérieur, premiers témoignages de l'intérieur d'Auschwitz, tenaient sur des bouts de papier cachés dans les vêtements de ceux qui quittaient le camp ou dans les champs à proximité. 

A l'aide de mots codés, il y reportait les noms des prisonniers battus à morts, exécutés ou gazés.

Durant sa détention, il prépara une révolte, mais, jugée trop risquée, elle fut finalement abandonnée. 

En avril 1943, estimant que les nazis n'allaient pas tarder à découvrir ses activités, Pilecki s'évada, profitant de travaux forcés nocturnes qui avaient lieu au-delà de la clôture de fils barbelés.

Une fois en dehors du camp, il écrivit trois rapports décrivant la réalité de ce qui s'y passait. Il y décrivit, entre autres, la scène suivante:

"Ils dirent à l'un d'entre nous de courir vers un point éloigné de la route, puis ont immédiatement envoyé à ses trousses un homme armé d'une mitrailleuse, qui le tua. 

Dix de nos compagnons, choisis au hasard, furent abattus alors qu'ils marchaient, pour leur 'responsabilité collective' dans cette 'fuite' que les SS avaient eux-mêmes organisée".

Mais son témoignage, pourtant si précieux, ne fut pas pris en compte. 

Le gouvernement polonais en exil et plusieurs capitales européennes reçurent ses comptes rendus sur les chambres à gaz, mais peu y crurent.

Après son évasion, il rejoignit le plus important mouvement de résistance polonais: l'Armia Krajowa. Il combattit en son sein lors de l'Insurrection de Varsovie, en 1944. 

En 1947, il fut arrêté par le ministère de la Sécurité intérieure polonais, créé sous l'impulsion soviétique, et destiné à lutter contre les opposants au régime stalinien.

Après avoir été torturé, il fut condamné à mort lors d'un simulacre de procès, faussement accusé d'espionnage et de projet d'assassinat. Il fut exécuté d'une balle en 1953.

Des années plus tard, les communistes polonais reconnurent que l'accusation avait été forgée de toutes pièces. 

Un codétenu a témoigné des tortures qu'il subit: il se rappelle l'avoir vu effondré, ne pouvant lever la tête à cause de sa clavicule brisée. 

Lors de son procès, il cachait ses mains parce que les communistes lui avaient arraché les ongles. Il avait confié à sa femme n'avoir plus la force de vivre davantage.

Cet été, plus de 100 squelettes ont été exhumés d'un charnier afin d'identifier des résistants polonais, dans le cadre d'une politique de réhabilitation par la Pologne de ses héros de guerre.

En 2006, l’ordre de l’Aigle blanc, plus haute décoration polonaise, fut attribué à titre posthume à Witold Pilecki. 


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