jeudi 4 octobre 2012

Tunisie. Violée et accusée d’atteinte à la pudeur [Vidéos]


Une jeune femme violée par des policiers se retrouve accusée d’atteinte à la pudeur. La population se mobilise et craint un retour en arrière en matière de droits des femmes.


« La police me viole, la justice m’accuse »

Place des Droits-de-l’Homme à Tunis, des centaines de femmes ont crié leur colère samedi.



« Dans mon pays, la police me viole, la justice m’accuse. » Le slogan dit l’inquiétude et la colère des quelque deux cents personnes rassemblées samedi, place des Droits-de-l’Homme à Tunis. Une mobilisation en soutien à une jeune femme accusée, avec son compagnon, d’« atteinte à la pudeur » après avoir porté plainte pour viol contre deux policiers. « Nous vivons sa douleur », explique Fatma, 61 ans, venue avec sa fille de 25 ans.

Les faits remontent à la nuit du 3 au 4 septembre. Les fiancés, selon leur témoignage, stationnent dans une voiture, dans la banlieue nord de Tunis, quand trois policiers en civil les abordent. L’un conduit l’homme de 26 ans, menotté, à un distributeur de billets pour lui extorquer 300 dinars (environ 150 €). Pendant ce temps, la femme de 27 ans est emmenée à l’arrière du véhicule des policiers, et violée.

Trois agents écroués

Écroués, les trois agents assurent qu’à leur arrivée, le couple se trouvait dans une « position immorale », ce que démentent les intéressés. « L’accusation d’atteinte à la pudeur (un délit passible de six mois de prison) se base uniquement sur le témoignage des policiers, relève Radhia Nasraoui, avocate de la jeune femme et célèbre militante des droits de l’homme. Ça ne tient pas ! »

Ce n’est pas l’avis du procureur, ni du gouvernement. « Les deux agents ont commis un crime, mais ça n’empêche pas qu’elle était dans une position illégale » avec son compagnon, a commenté un représentant du ministère de la Justice. C’est le porte-parole du ministère de l’Intérieur qui, le 11 septembre, avait le premier évoqué la « position immorale » de la jeune femme, tout en précisant que cela ne justifiait pas le viol.

Terroriser les victimes

L’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et la ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) dénoncent une procédure qui « transforme la victime en accusée, qui vise à la terroriser et à les obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits ».

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