samedi 1 septembre 2012

Élections américaines : Clint Eastwood peut-il faire gagner les Républicains ?


Clint Eastwood pendant son discours à la convention républicaine à Tampa, le 30 août 2012 (Charles Dharapak/SIPA)

LE PLUS. Jeudi 30 août, Dirty Harry a fait une apparition à la convention républicaine, avec un discours confus d’une dizaine de minutes. Mais les stars influencent-elles vraiment le vote aux États-Unis ? Réponse avec Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine à l'Université Paris Ouest Nanterre.


Clint Eastwood a prononcé un discours curieux, s’adressant au président Obama par le biais d'une chaise vide, afin de donner un certain côté théâtral au tout. Ce discours n'a pas enthousiasmé les foules, et pour cause : il n'était pas très réussi. Premièrement, l'élocution de l'acteur n'aidait pas à la compréhension. 

Ensuite, le texte, probablement écrit par l'équipe de Mitt Romney se voulait drôle, mais on y sentait une vulgarité sous-jacente. Clint Eastwood a notamment dit : "he can’t do that to himself", qui fait sans doute référence à une expression plutôt crue "go fuck yourself".

Les (rares) célébrités au secours des Républicains

Mais au final, le discours de Clint Eastwood, même s'il peut s'avérer contre-productif, importe peu. Ce qui compte pour les Républicains, c'est sa simple présence, à la fois pour sa notoriété, mais aussi parce qu'il est un membre très actif de la National Rifle Association (NRA), un lobby des armes très puissant aux États-Unis.

Les Républicains manquent de soutien de la part de célébrités. Le parti multiplie les sorties racistes ou misogynes, alors que le monde des arts et spectacles est justement très mobilisé sur ces questions de société. Le parti républicain, de plus en plus réactionnaire, connaît peu de succès chez les artistes. En règle générale, ils se placent du côté des Démocrates, c'est-à-dire de Barack Obama. Faire intervenir Clint Eastwood est, pour les Républicains, un moyen de faire un contrepoids à la voix de toutes ces vedettes, de contrebalancer le discours des autres.

Puisque les Républicains ne comptent pas beaucoup de stars dans leurs rangs, ils tentent de capter la notoriété de certains... même si ceux-ci ne sont parfois pas d'accord avec leur idée ! À ce titre, on se souvient de Ronald Reagan qui s'était réapproprié la chanson de Bruce Springsteen "Born in the USA". 

Si la chanson évoque un homme abandonné par son pays, Reagan en a fait un chant patriotique. De même, dans l'équipe de Mitt Romney, le candidat à la vice-présidence Paul Ryan a déclaré écouter du Led Zeppelin. Peu de chances pourtant que ce groupe soutienne quelqu'un d'aussi réactionnaire que Romney ! En somme, les stars sont instrumentalisées politiquement, que ce soit avec leur accord ou non.

Stars en campagne : une bonne vitrine, mais peu d'influence

Il n'est pas de star qui soit vraiment embarrassante pour un candidat. En 2008, le parti républicain a tenté d'entacher la candidature de Barack Obama en mettant en avant ses rapports avec le pasteur Wright. Ce sont plutôt ces types de compagnonnage du passé qui sont utilisés, les Républicains cherchant ici à démontrer qu'Obama est un gauchiste. Ils cherchent des éléments qui peuvent porter préjudice chez les personnes que fréquente ou a fréquenté le candidat. Mais chez Obama, peu de chances qu'un acteur comme George Clooney s'avère vraiment embarrassant...

Au final, les vedettes ne sont qu'une question de relations publiques, même si le phénomène est plus important aux États-Unis qu'il ne l'est en France – même si la politique française a tendance à s'américaniser.

Il faut bien garder à l'esprit que les vraies vedettes des élections américaines sont celles qui se trouvent dans l'ombre. Pour Mitt Romney, il s'agit notamment de Sheldon Adelson qui aurait promis de dépenser plus de 100 millions de dollars pour battre Obama, ou encore des frères Koch, d'énormes magnats financiers. Et ces personnes-là ne s'exprimeront jamais directement.

En tout cas, le soutien d'une vedette ne va pas déterminer le sort de l'élection. Disons que les partis font feu de tout bois : avoir le soutien public d'une star ne peut pas faire de mal. Mais au final, malgré les sommes conséquentes que versent parfois les stars à des partis, cela ne représente qu'un faible pourcentage si l'on compare à ce que donnent le monde de la finance et les groupes industriels.


http://leplus.nouvelobs.com/contribution/618846-elections-americaines-clint-eastwood-peut-il-faire-gagner-les-republicains.html

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