mercredi 29 août 2012

. Ces nouveaux sionistes : Yael Elkyess à Natanya.....



Un entretien authentique. Les aléas de l'alya..


Toujours dans le cadre de notre enquête sur l'alya et ces nouveaux sionistes, Yaël Elkyess avocate à Natanya au 14 Kikar Haztmaout , a accepté de nous dire la vérité, toute la vérité ...sur l'alya et ses aléas. Nous vous livrons ici même ses réponses.

Claudine Douillet : Pourquoi avez-vous décidé de venir vivre en Israël ? Comment avez vous pu résister à la tentation de ne pas revenir en France ?

Yaël Elkyess -Nous avons décidé activement de faire notre Alya en septembre 2006 à la rentrée scolaire mais nous avions une différence de niveau de volonté entre mon mari et moi.Depuis mon adolescence j'avais toujours cette idée en tête, j'ai été baigné dans une culture sioniste, en revanche mon époux jusqu'à l'âge de 25 ans n'était jamais venu Israël.

Le déclic c'est fait à Montpellier, ville où nous vivions,  quand nous avons vu notre premier couple d'amis partir en Israël, puis lorsque l'école juive de Montpellier n'allait pas plus loin que la 3ème,  fin du cycle scolaire dans une école juive. Nous prenions  alors conscience que les choses changeaient et que si nous voulions vivre un idéal juif pour nos enfants, ce n'était plus ici.

Pour nous il  était inconcevable de nous séparer de nos enfants  et de les envoyer dans un internat pour poursuivre leurs études dans un cadre juif.

Israël devenait la solution pour nos enfants, car dans cette aventure qu'est l'Alya nous avons pensé qu'au bien et à l'avenir de nos enfants.


Nous avions de la  chance c'était une période charnière, pour nos deux filles, l'aînée devait faire son entrée en 5ème , ce qui correspond ,ici, à la rentrée au Collège ,et la seconde son entrée au Gan (jardin d'enfant) .

Claudine Douillet - Et votre famille comment a-t-elle pris cette nouvelle ?

Yaël Elkyess - La nouvelle a un peu surpris notre entourage proche, car nous avons tous les deux des métiers où il fallait repasser nos diplômes, je suis avocate et mon mari chirurgien-dentiste il nous fallait donc avoir nos équivalences* pour pouvoir exercer en Israël.

Une première porte s'est ouverte me permettant de passer mes équivalencse en France et non pas en Israël, donc avant notre alya.
Une opportunité exceptionnelle qui n'existe plus. Il m'a fallu  passer 9 équivalences normalement c'est sur 2 ans, j’ai dû les passer en deux sessions. Et j'ai réussi .Mon mari a eu moins de chance , il les a manqué ,d'un seul point.

Nous sommes partis à 5 et non plus à 4 comme prévu, avec un bébé d'un mois et demi...qui est né le 22 juin et nous sommes partis le 14 août.

Mon mari a dû repasser ses équivalences en Israël et en anglais ,  plus de session en français pas assez d’inscrits, ça était une véritable épreuve, pendant tout ce temps nous n'avions pas de "parnassa", de revenus, nous avons accueilli, cependant,  à nouveau cette épreuve.
 Il a réussi ses examens , il a eu beaucoup de mérite, car tout était en anglais, mais il a dû interrompre son oulpan d'hébreu.

De mon côté je devais faire mon stage pour obtenir mon droit d'exercer, dans un cabinet d'avocat à Tel-Aviv, à ce moment là  je découvre que je suis à nouveau enceinte !
J'ai pu faire mon stage jusqu'au bout;  A présent j'ai un nouvel atout, je sais servir tous les cafés ... Car les stagiaires en Israël servent beaucoup ça et à décrocher le téléphone :-)

Claudine Douillet - Est-ce que ce stage vous a suffit pour exercer  ?


Yaël Elkyess
 :D'une certaine façon oui, et j'ai pris conscience qu'il me faudrait parfaire mes connaissances en droit israélien en suivant régulièrement des formations. Comme je le faisais en France.

Ca m'a permis ,également de me spécialiser, dans le droit des familles, droits immobiliers et droits des successions.

Claudine Douillet : Et qui vous payé toutes ces formations ?

Yael Elkyess: C'est moi !

Claudine Douillet : Vous êtes donc venu avec beaucoup d'argent ?

Yael Elkyess : Nous avons vendu notre maison de Montpellier ce qui nous a permis de vivre mais  pas d'acheter, et nous avons dû prendre un crédit (machekenta)  afin d'acheter ici un appartement. Nous avons vécu presque 2 ans sur l'argent de la vente de notre maison de France.

Claudine Douillet : C'est très courageux !


Yael Elkyess: C'est un choix. Il existe des « alyas »  idylliques  c'est rare mais ça existe, nous aurions pu en vue de nos métiers choisir l'alya Boeing qui consiste à faire des allers-retours afin de gérer nos clients en France.
Mais nous avons refusé afin de ne pas déstabiliser la famille. 

Cette Alya nous l'avons faite pour nos filles , ce n'était donc pas pour nous séparer cette fois à cause du travail.

Nous les avions déjà changé de pays, déraciné de leurs habitudes, si en plus on ajoute à cela une séparation d'un des parents , plus ou moins régulièrement, tout le bénéfice de l'alya aurait été perdu...

C'est notre point de vue. Je dis que celui qui fait son alyah c'est déjà très bien .
Chacun  a sa solution. Pour nous ce qui comptait était de maintenir la cohésion familiale.

Nous avions une très belle maison, à 5 mn à pied du palais de Justice de Montpellier, avec nounou à demeure, des amis, une vie de bourgeois de Province en fait.
 Si nous avons renoncé à tout cela c'était uniquement dans l'intérêt et l'avenir de nos enfants.

Ca fait 4 ans que nous sommes en Israël. Nos enfants sont israéliens à présent.
Lorsque nous avons reçu notre carte d'identité israélienne nous étions évidemment fiers et nous l'avions annoncé à nos parents, ma fille aînée, alors âgée de 10 ans, quand à elle, a dit clairement qu'elle n'était pas israélienne et qu'elle était française !

Et dans les 48 heures qui ont suivi elle a été hospitalisée.

Le stress de l'alya est une réalité que l'on trouve chez les enfants même en bas âge puisque notre seconde fille alors âgée  que de 3 ans qui allait au Gan (jardin d'enfant) a perdue ses cheveux, pendant 6 mois elle se roulait par terre , elle hurlait...

La rupture avec la langue maternelle, le manque de repère ont été mal vécu.
Il n'y a pas d'Oulpan au Gan (pas d'apprentissage d'hébreu dans les jardins d'enfants)  une réelle source de stress même à cet âge  là.

Ce sont des épreuves que nous avons subies, pas vraiment accueillies car lorsque ça touche à la santé c'est bien plus difficile.

Etonnament même pour le dernier, alors âgé de seulement 1 mois en arrivant en Israël, il a connu aussi le stress de l’alya.
Par la suite il  a eu beaucoup de mal à parler il était violent, et ne parlait pas. A présent  il parle les deux langues sans problème.
Aujourd'hui, ma grande fille se dit israélienne, elle est retournée pour la première fois en France il y a quelques semaines et n'avait qu'une seule hâte c'était de revenir à la maison, en Israël.

Elle a une identité française c'est indéniable, tout comme moi, on ne renie pas sa culture et puis la culture française est un plus en Israël.C'est un savoir faire, une rigueur qui se retrouve dans notre profession ,est appréciée par nos clients israéliens.

Pour notre seconde fille, à présent, parler français est une punition. Elle est devenue totalement israélienne.

Claudine Douillet : Et vous en tant que mère arrivez-vous à suivre la scolarité de vos enfants ?

Yaël Elkyess : Non, la vérité non, non pas parce que je n'ai pas le niveau en hébreu , mais c'est surtout parce que ce n'est pas du tout le même système scolaire qu'en France.

Et pourtant l'aînée est la première de sa classe !

Ajouter à cela qu'elle est épanouie, car ici elle sort, en France elle ne sortait pas pour acheter le pain. Israël c'est la sécurité pour les enfants, ils s'épanouissent. ça vaut tous les 
renoncements du monde. Ils sont chez eux. L'idéal et la réalité ce sont enfin rejoints.

Nous sommes à la maison, en Israël. Je n'ai plus rien à faire en France. Même si ça été très dur de passer par toutes ces épreuves.


Claudine Douillet :  Et maintenant votre quotidien en Israël ?

Yael Elkyess : Israël est un pays où l'on travaille beaucoup, la normalité est de 42 heures par semaine, mais paradoxalement il n'y a pas structure  pour recevoir les enfants après l'école, c'est à dire après 13 heures, nous n'avons pas de famille, c'est le système débrouille au quotidien.

Claudine Douillet : Mais enfin qu'est ce qui vous motive à résister autant ?  Alors que vous aviez une vie relativement facile en France,  hormis le fait, important certes,  de l'excellent niveau d'éducation que vous avez trouvé ici ,pour vos enfants ? Et vous alors ?

Yaël Elkyess : Israël est un pays qui se construit tous les jours, tout comme nous.

C'est un pays qui a un avenir, la France est un pays mort, il n'y a plus de désir, on répète les gestes, une sécurité où l'ennui est le prix à payer. Israël est le pays de tous  les possibles, il repousse nos limites chaque jour.


L'Alya ça nous change, ça forge le caractère, cela vous rend plus fort, on exploite nos talents, nos qualités alors que la France nous demande de les refouler afin d'être bien docile. De ne pas sortir la tête du rang en quelque sorte.
En France, par exemple, il ne me serait jamais venu à l'idée de prendre le téléphone est dire que je désapprouve le changement de la Ganenette (puéricultrice) de ma fille ,pour la rentrée prochaine. 

J'aurai accepté. Ici vous apprenez à ne pas vous laissez faire, vous dites les choses clairement. Vous avancez plus vite en tout, pour tout, rien n'est impossible. Israël est un pays neuf qui vous communique sa jeunesse, son dynamisme. Voilà pourquoi nous restons en Israël. Nous sommes plus vivants ici qu'en France.

Propos recueillis par Claudine Douillet

Je remercie Yaël Elkyess pour sa sincérité.

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