dimanche 26 août 2012

Arabie Saoudite : Le « printemps « arabe arrive......



De tous les boulversements  apportés par « le printemps arabe », c’est l’agitation persistante dans la province orientale de l’Arabie saoudite – qui abrite une importante minorité chiite, et détient 90% des réserves pétrolières du pays – qui pourrait se révéler être le plus grand boulversement dans les mois à venir.

Islam : La guerre de l’intérieur

Quand le prophète Mahomet est mort en 632, les tensions sur qui devrait diriger la communauté islamique – ont  émergé et ont persisté.
D’une part, ceux qui étaient en faveur d’une succession ont promu la personne la plus qualifiée sur la base de la sagesse, de la bonne conduite, la dévotion et de la compétence.
Ce groupe est connu sous le nom de sunnites.
Les chiites, pour leur part, pensaient que le pouvoir ne peut être exercé que par les membres de la famille du Prophète. Contrairement aux sunnites, ils voyaient la famille et la descendance du prophète comme divinement inspirés et infaillibles.
Aujourd’hui, la plupart des musulmans du monde sont des sunnites (environ 85%), mais les chiites sont majoritaires en Iran, en Irak et au Bahreïn, et d’importantes concentrations de chiites vivent  au Liban,  Koweït, Qatar, Émirats arabes unis, Yémen et, peut-être plus important encore, en Arabie Saoudite.
Leur nombre est estimé à entre 1,5 et 2 millions de personnes, les chiites en Arabie saoudite représentent 10% de la population nationale, et ont connu une discrimination généralisée depuis la fondation du Royaume d’Arabie Saoudite à 1932.
En ce qui concerne le domaine religieux ils ont l’interdiction de pratiquer leur foi en public, ont des restrictions sur la construction de mosquées, et subissent parfois des attaques sur leurs centres d’apprentissage et autres lieux de rassemblement.
Sur le plan politique, les chiites ont été empêchés d’agir en qualité ministres, sont exclus des forces armées et de la police tandis que la province de l’Est a été gouverné par une administration dominée par les musulmans sunnites (qui forment la majorité de 90% en Arabie Saoudite).
Socialement, ils sont considérés comme des hérétiques par une grande partie de la population, une attitude qui a été encouragée par les clercs ultraconservateurs appartenant à la branche wahhabite de l’islam sunnite qui domine en Arabie Saoudite.
Inspiré par le « Printemps arabe », les manifestants chiites se font de plus en plus entendre en exigeant que les autorités mettent un terme à leur position marginalisée.
Les manifestations sporadiques  ayant débuté pacifiquement en Février 2011 ont tourné à la violence, plus récemment, au début d’Août dans la ville orientale de Qatif après que des manifestants aient affronté la police.
Une douzaine de personnes ont été tuées – ce bilan est relativement faible en rapport à la violence qui a eu lieu en Egypte en Libye, pour ne pas mentionner les massacres en cours en Syrie – le conflit pourrait dégénérer, ce qui pose de sérieux défis pour les autorités saoudiennes et l’économie mondiale.
L’Arabie saoudite produit actuellement plus de 9 millions de barils de pétrole par jour (environ 12% de la production mondiale). Une perturbation même mineure verrait la flambée des prix du pétrole à des niveaux qui rendraient toute chance de reprise économique mondiale très difficile, voire impossible, à réaliser.
Comme avec les autres manifestations de tension entre sunnites et chiites au Moyen-Orient, rien de tout cela à voir avec de véritables différences religieuses, le fossé s’enracine plutôt  du fait de préoccupations politiques.
La présence des chiites remet en cause les fondements wahhabites de l’Etat théocratique qui a servi d’identité obligatoire, reliant les dirigeants saoudiens à l’ensemble de la population. En tant que tel, céder aux demandes chiites menace l’ordre politique.
Le plus important est le facteur pétrole. L’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole.
L’Etat saoudien a réussi à soudoyer son peuple avec une variété d’avantages en échange de leur obéissance et a ainsi  contribué à étouffer toute révolte potentielle au cours des années.
Après la chute de Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte, les dirigeants saoudiens ont annoncé un programme de dépenses de 130 milliards de dollars qui seraient utilisés pour augmenter les salaires des employés du gouvernement, premier employeur du pays  et  construire 500.000 logements pour les pauvres.
La demande de mettre fin à la discrimination chiite, au moins du point de vue des dirigeants saoudiens, est considérée comme une tentative déguisée pour  contrôler  la province de l’Est et son pétrole.
Ce point de vue persiste malgré le fait que les récentes manifestations n’ont pas insisté sur le désir d’autonomie (même si certains militants chiites ont proposé des réformes dans le passé, comme une constitution et une assemblée législative de la province de l’Est)
Sans surprise, les autorités saoudiennes n’ont rien fait pour changer le statu quo et ont continué à investir des milliards dans l’équipement militaire – des avions de  chasse et des chars – qui pourrait être utilisé pour réprimer une rébellion.
Bien que l’opposition chiite soit  faible, elle a également une carte en main potentiellement dévastatrice: l’accès aux réseaux d’oléoducs vitaux qui pourraient facilement être attaqués si leur sort reste inchangé. Si et quand cela arrivera, il y aura plus à perdre que la hausse du prix du pétrole.
Adapté par Aschkel pour israel-flash Source National Post
Peter Fragiskatos est  titulaire d’un doctorat en relations internationales de l’Université de Cambridge, et enseigne à l’Université Western à London, Canada.

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