lundi 30 juillet 2012

Palestiniens : les perdants du conflit syrien....




Le chaos semble se préparer en Syrie sans qu’aucune solution ne soit visible à court terme, sinon le spectre d’une guerre civile. Le peuple, qui s’est soulevé pour une amélioration de son sort, semble le véritable perdant d’un soulèvement sanguinaire. Mais le sort d’une autre communauté n’est pas enviable, celle des réfugiés palestiniens qui, contrairement à leurs semblables dans les autres pays arabes, bénéficiaient pourtant en Syrie de droits alloués bien avant l’arrivée au pouvoir du régime d’Assad.  




A l'origine du l'idéologie du Baas

Siège du parti Baas


Doués d’une culture politique exceptionnelle, ils ont aidé le parti Baas à mettre en place une idéologie nationaliste arabe. Ils ont reçu en échange un appui permanent à leur cause avec un soutien sans faille au Hamas et au Hezbollah. Mais cette proximité avec le régime syrien risque aujourd’hui de se retourner contre eux. Ils pourraient subir la même vindicte que les 30.000 palestiniens d’Irak qui, à l’arrivée des américains, ont perdu leur statut de réfugiés et ont été soumis à des exactions  collectives. Dans la guerre civile syrienne qui se dessine, ils seront sans aucun doute des boucs émissaires.

Manifestation en juin 2011 au Golan

Les palestiniens avaient une liberté totale d’action et organisaient librement leurs manifestations dès lors où ils ne s’en prenaient pas au régime en place. Les révolutions en Tunisie et en Égypte ont poussé les jeunes à inventer «la révolution des réfugiés» en mai 2011, inaugurée par une marche symbolique vers Israël. Certains ont alors réussi à traverser la frontière pour parvenir à la ville druze de Majdal Shams, au Golan.
 
Les israéliens n’avaient pas cherché à répondre à cette provocation dont la signature conjointe était estampillée Iran, Hamas et Hezbollah. Ils ont cependant accusé les autorités syriennes d’avoir officiellement autorisé cette marche. Mais Tsahal ne pouvait pas permettre la réédition de tels troubles sans réagir. Ainsi en juin 2011 au moins 23 manifestants syriens et palestiniens, qui approchaient de la frontière avec Israël pour la commémoration de la défaite de la Guerre des Six-Jours, ont été tués. La radio israélienne a expliqué qu’un grand nombre de ces manifestants ont, en fait, été victimes d’une des mines antichar nombreuses dans la région de cette frontière.
Meurtres suspects

        Les cortèges funéraires ont été l’occasion de fusillades dans le camp de Yarmouk, banlieue de Damas, où les manifestants se sont pris au quartier général du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine), groupe dissident du FPLP soutenu par l’Autorité, entrainant de nouvelles pertes palestiniennes.
 
        Mais la question primordiale des palestiniens est le choix du camp à soutenir. Les avis sur leur soutien réel divergent surtout quand il est difficile d’appréhender une information confirmée. Certains milieux cherchent à envenimer les relations syro-palestiniennes dans un intérêt nébuleux. D’ailleurs, déjà en mars 2011, le journal syrien Al-Watan, dirigé par Rami Makhlouf, cousin du président Assad, pointait du doigt les «extrémistes palestiniens» qui à Deraa ont appuyé le soulèvement en se livrant «au vandalisme, à des émeutes, des pillages et des incendies». Il apporte ainsi la preuve de l’implication probable des palestiniens dans les troubles.
 
Les palestiniens réfutent ces accusations et prétendent que les exactions sont plutôt le fait de syriens, vivant près du camp de Deraa et déplacés depuis le Golan et ayant les mêmes problèmes de subsistance économique qu’eux. En effet de nombreux syriens pauvres vivent à la limite de ces camps palestiniens et la frontière entre ces deux communautés reste floue. Par ailleurs les palestiniens subissent la loi du plus fort en l’absence de leaders locaux charismatiques. Ils se sentent complètement isolés et vivent dans une situation précaire.
Neutralité
Les palestiniens s’affichent résolument neutres dans ce conflit où ils ont beaucoup à perdre. Ils sont au contraire victimes de la situation puisque l’UNRWA a du mal à apporter ses services dans les villes où les combats font rage, à Deraa et à Lattaquié et Homs. Ils savent qu’ils risquent à nouveau d’être déplacés, encore une fois.
 
Le Hamas a fait preuve de beaucoup d’opportunité politique en ne prenant pas position. Son leader basé à Damas, Khaled Mechaal, a exigé le silence de ses membres. Dans une volonté de ménager la chèvre et le chou, il souhaitait, dans une interview à Al Jazeera en décembre 2011, une réforme dans le pays tout en confirmant qu’il restait fidèle au régime syrien qui a toujours soutenu son mouvement durant de longues années. Ismaël Haniyeh, le leader de Gaza, a confirmé cette politique de neutralité dans une conférence à la mosquée Al-Azhar du Caire en février 2012.

Abbas, Mechaal et Haniyeh

Les palestiniens se trouvent confrontés à leurs intérêts politiques et économiques et aux risques qu’ils courent en Syrie. Ils sentent en permanence au dessus de leur tête l’épée de Damoclès d’une nouvelle expulsion vers des horizons plus menaçants.  Ils souffrent par ailleurs économiquement, autant que les syriens, car le pays subit des sanctions économiques qui ont fait de l’effet. Une inflation galopante, une augmentation des prix et la mise en faillite de patrons de PME sont la conséquence directe de l’action de l’Union Européenne. Par ailleurs, les palestiniens vivent en majorité dans la région de Damas, la plus soumise aux actions militaires.  

Loyauté


Mais on conteste leur loyauté. Certains syriens n’hésitent pas à diffuser des vidéos qui mettent en scène des manifestions où les palestiniens sont impliqués ou compromis sans qu’il soit possible d’en mesurer la véracité. Alors ils sont soumis à des exactions.
 
Des voitures explosent dans les camps palestiniens et certains cadres de l’ALP (armée de libération palestinienne), une brigade incluse dans l’armée syrienne, ont été mystérieusement assassinés. Seize soldats de l’ALP du camp Neirab à Alep ont été tués.
Kamal Ghanaja
Kamal Ghanaja, cadre militaire du Hamas, a été assassiné alors que seule une poignée de militants connaissait la réalité de son existence et de ses fonctions. Ses dossiers ont été volés et sa maison incendiée. Certains membres de la direction du Hamas avancent l’hypothèse d’un «accident», tandis que d’autres évoquent la piste du Mossad dans cet assassinat comme il l’avait impliqué pour l’élimination d’Al Mabhouh à Dubaï. Simultanément à ces actions personnelles, un bombardement du camp de Neirba a entrainé la mort de quatre palestiniens.
 
Ces incidents graves prouvent que le sort des palestiniens est incertain en Syrie et qu’ils n’ont nulle part où aller, si d’aventure ils étaient soumis à une expulsion. Les jordaniens refusent de les accueillir mais sont prêts à instituer une zone tampon à leur frontière, en Syrie, pour accueillir les réfugiés de plus en plus nombreux à chercher à rejoindre la Jordanie. Ceux qui parviennent à franchir la frontière parlent du camp de Bashabsha comme d’un camp de concentration pour palestiniens. 

Réfugiés syriens à la frontière jordanienne

Les jordaniens comprennent les risques qu’ils prennent pour leur régime avec cet afflux de palestiniens dont certains avaient été expulsés en 1970 à la suite du fameux Septembre Noir. Ils refusent l’accueil en masse des palestiniens de Syrie. D’ailleurs ceux qui la traversent illégalement sont souvent renvoyés ou au mieux, enfermés dans le camp de «Cyber City», près de la ville frontalière du nord Al-Ramtha qui n’a rien à envier à un camp de détention concentrationnaire.
 
Les réfugiés palestiniens voient les portes de leurs «frères» arabes se fermer. La sollicitude n’est pas la qualité des riches arabes lorsqu'ils côtoient la détresse des autres. Bien sûr, la responsabilité d’Israël sera à nouveau invoquée puisque la plupart des palestiniens de Syrie sont les descendants de ceux qui ont fui Haïfa et Acco en 1948. Mais les potentats arabes, assis sur leurs tas d’or, à la tête de pays aux espaces immenses dépeuplés, ne veulent pas bouger le petit doigt de crainte d’être emportés par ces révolutionnaires arabes modernes. Ils préfèrent investir dans les joyaux industriels occidentaux. A n’en point douter, les palestiniens seront les grands perdants du conflit syrien.


http://www.guysen.com/articles.php?id=18195&art_mail=1

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