dimanche 24 juin 2012

Avec Vasconcelos, les femmes conquièrent Versailles




Après Jeff Koons et Takashi Murakami, Xavier Veilhan et Bernar Venet, le Château de Versailles poursuit son programme d’art contemporain en invitant cet été, Joana Vasconcelos. Cette artiste portugaise férue de textures et de savoirs faire anciens (dentelles, crochets, etc.) introduit dans les salles des œuvres à la fois séduisantes et fortes. Son hommage « aux femmes du passé et aux femmes modernes » invite le public à la réflexion. Comment réagit-il ? Evene.fr a choisit de donner la parole aux… femmes.
Rappel indispensable : Versailles, joyau de l’art classique, immortel mais fragile reflet de la grandeur française, n’est pas un lieu de contemplation. C’est un lieu de consommation culturelle de masse, où des milliers de touristes se pressent comme en pèlerinage, dévorant des yeux – ou plus souvent, des téléphones portables – le moindre coin de tapisserie. Cela admis, toute exposition s’y trouve prise entre deux obligations, l’excellence et l’accessibilité.Joana Vasconcelos, 41 ans, a plutôt bien relevé le défi : dans un univers d’hommes (celui du Roi Soleil, celui aussi de l’art contemporain monumental) elle a imposé la griffe d’une femme. La foule ne s’y est pas trompée. Apologie, par ses partisanes, d’une meneuse de femmes.
Cœur à cœur et demi
©Château de Versailles/DMFCoeur indépendant rouge, 2005, ©Château de Versailles/DMFDans le Salon de la Guerre, deux françaises de seize ans, Claire et Albane débattent sous le Cœur indépendant noirsuspendu au plafond, entièrement constitué de couverts en plastique. « On voit qu’il y a énormément de travail, dit Claire. Les couverts sont tordus dans tous les sens, ils créent du volume, du coup c’est un boulot assez grandiose. Après… Le cœur noir a un côté très triste, un peu mortifère. – Un cœur blessé, reprend Albane… Mais il n’y a pas que la douleur ; les couteaux forment un peu des fleurs ; elles sont noires aussi, mais avec leurs reflets argentés elles rappellent les bijoux. Alors ça donne un peu d’espoir… » Oui, mais lequel ?… « Oh, nous, on a seize ans ! » Dans le Salon de la Paix, Amalia, trentenaire originaire de Porto, a reconnu en l’œuvre le traditionnelcœur de Viana, symbole de la joaillerie portugaise. Elle prévient : « Les femmes peuvent manipuler les hommes. Elles semblent douces comme du sucre, mais peuvent tout renverser si elles le veulent. Ici le cœur est rouge, c’est bon ; là-bas il est noir, c’est son côté sombre. »
Lisa Vs Marylin
©Françoi Bouchon/Le FigaroJoana Vasconcelos, ©Françoi Bouchon/Le FigaroDans la Galerie des Glaces, Lisa, australienne de 45 ans, contemple médusée une paire d’escarpins géants (Marylin). « Bon, admet-elle, des chaussures géantes faites avec des casseroles, c’est stupéfiant. Toutes les femmes aiment les chaussures, et elles doivent toutes utiliser une casserole un jour ou l’autre, non ? Mais attention, elles ne savent pas toutes s’y prendre ! » Est-ce qu’en faire des sculptures, ce pourrait être une manière d’échapper à l’alternative un peu sinistre entre la cuisine ou le glamour ? « Ah, mais les casseroles sont très sexy, vous ne trouvez pas ? On dirait qu’elles sont en argent ! Au début on ne voit ni chaussures ni casseroles, on ne voit qu’un grand scintillement ! » Sans doute que tout est là. « Les femmes, commente Lim Sol, jeune coréenne qui photographie dans la chambre de la reine une œuvre nomméPerruque, ont sans cesse la pensée d’être belles. Je suis contente que cette habitude soit moquée. D’ailleurs, elle concerne aussi les hommes : tout le monde est couvert de perruques, à bien des égards ! Cette œuvre reflète bien notre présent. Peut-être aussi qu’elle annonce l’avenir… » En quel sens ? « Le statut des femmes continue de s’améliorer ; dans l’avenir, nous seront libres, et toujours plus libres ! »
L’ultime bataille
©Château de Versailles/DMFMary Poppins, 2010, ©Château de Versailles/DMFC’est dans la Galerie des Batailles que Vasconcelos a choisi de placer ses chefs d’œuvre : trois grandes sculptures de riches tissus, ornées de passementerie et de brocarts, intitulées Walkyries. Elle a trouvé une harmonie entre les couleurs des uniformes et les teintes utilisées pour ses superbes installations. « Il s’agit, m’explique ma voisine, de déesses qui allaient ressusciter les vaillants guerriers au combat ». Quant au fameuxLilicoptère - hélicoptère presque entièrement recouvert de plumes d’autruches roses et dont les parties métalliques ont été dorées à l’or fin et incrustées de cristaux Swarovski – il pousse le kitsch « girly » dans ses ultimes retranchements, inspirant aux visiteuses un incroyable répertoire de moues, de mouvements de sourcils et de pincements de lèvres. Manière de dire que pendant l’exposition, le combat continue.

Exposition Joana Vasconcelos. Château de Versailles, jusqu’au 30 septembre 2012.
Image d'illustration : Marilyn ©Château de Versailles
http://www.evene.fr/arts/actualite/avec-vasconcelos-les-femmes-conquierent-versailles-1036131.php

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