mercredi 23 mai 2012

Ligue 1 : le PSG pouvait-il mieux faire ?


PSG : trois points de retard, un temps d’avance ?

Après avoir tenté de dire "Pourquoi Montpellier [devait] être champion", il est l'heure d'expliquer pourquoi, loin de "l'échec" diagnostiqué ici et là, le PSG a fait la meilleure saison possible. Du point de vue de l'intérêt général, d'abord. L'article sus-cité exposait les bonnes raisons de retarder la probable ère de suprématie parisienne qui s'annonce au profit d'un outsider qui – intelligemment géré et dirigé sportivement – voit toutes les conditions se réunir pour accomplir une saison exceptionnelle et surclasser les grosses écuries. Ce modèle français de réussite mérite bien d'être couronné de temps en temps, ne serait-ce que pour récompenser des équipes aussi réjouissantes que ce Montpellier 2011/12.
Le message de la victoire du MHSC est également le bienvenu. Si le PSG l'avait emporté dès sa première saison "qatarie", l'idée selon laquelle "l'argent fait tout" se serait imposée avec trop d'évidence. Même si la puissance économique détermine de plus en plus les résultats sportifs, il est bon de croire que notre championnat peut encore ménager une place aux aventures comme celle de cette saison. Tant pis s'il faut souffrir les davidetgoliatheries usuelles, et si ce sentiment est largement illusoire(lire "Montpellier, la grande illusion").

COUP D'ACCÉLÉRATEUR
Pour sa part, le PSG peut nourrir des regrets de passer si près du titre, et dénombrer tous les moments où il aurait pu glaner les points qui lui ont manqué. Pour autant, peut-on qualifier la saison parisienne d'échec? En partie, si l'on considère que le déploiement de moyens consenti à l'intersaison et au mercato d'hiver n'a pas permis au club de survoler le championnat. Concernant l'arrivée de Carlo Ancelotti et de son staff pléthorique, le résultat apparaît même négatif puisque Antoine Kombouaré lui a légué une équipe alors leader et que sa moyenne de points pris par match est légèrement supérieure (2,11 contre 2,05). En termes d'image, l'opération était elle-même risquée, marquant une rupture supplémentaire avec le passé et laissant le sentiment d'une injustice faite au titulaire du poste – au moment où capotait le transfert de David Beckham et de quelques autres vedettes internationales (lire "PSG: la politique de l'étiquette").
Pourtant, si le licenciement de Kombouaré et la nomination d'Ancelotti sont advenus dans un timing délicat, voire préjudiciable à court terme, on peut comprendre qu'il s'agissait, pour les propriétaires du club, de prendre de l'avance sur les prochaines saisons – quitte à compromettre celle en cours. Les dirigeants de QSI, hommes pressés, ne pensaient probablement pas diminuer leurs chances de titre immédiat en procédant ainsi, et ils doivent difficilement concevoir qu'une deuxième place est suffisante, mais au moins leur calendrier est-il respecté pour ce qui concerne la mise en place des nouvelles structures. Surtout, ils pourraient, s'ils connaissaient mieux le PSG, dresser un bilan plus franchement positif.
RETOUR EN TÊTE
Dans un premier temps, il faut mesurer la performance à l'échelle du Paris Saint-Germain de ces dernières années. Depuis dix ans (donc sur les onze dernières saisons), le club ne s'était qualifié qu'une seule fois en Ligue des champions – avec déjà une seconde place en 2004. Il a évolué à peine au-dessus du niveau de flottaison (deux 9e places), ou en zone dangereuse (15e, 16e, 13e). Le semblant d'embellie de 2009 ayant été vite douché, il faut souligner la paradoxale continuité entre les deux dernières saisons, et donc augmenter encore le crédit d'un Kombouaré aux commandes durant les trois quart de ces deux exercices. Le club, avec des effectifs de très grande qualité, a maintes fois trahi les investissements et les espoirs placés en lui. Cette fois, Paris a été à la lutte pour le titre jusqu'au bout, distançant très nettement le peloton avec un total de points (79) supérieur à celui des deux précédents champions (Marseille 78 et Lille 76).
Ensuite, le recrutement de prestige a masqué les difficultés objectives de la saison parisienne. Un effectif profondément remanié en deux vagues, un changement d'entraîneur à mi-saison, la pression des attentes, le chaos des ego au sein du groupe: l'adjonction de talent pur était évidemment un facteur bénéfique, mais il fallait encore donner une cohérence technique au projet ainsi improvisé. On a pu constater que c'était ce qui avait le plus manqué à une équipe qui, malgré son inconstance et parfois son inconsistance, talonne quand même le champion.
UNE SAISON EN CHANTIER
Le malentendu réside dans la rapidité du retour sur investissement, qui avait peu de chances d'être immédiat. L'insatisfaction est le prix des attentes plus ou moins sincères suscitées par la manne qatarie. On peut ainsi rester frustré des performances de Javier Pastore, dont le nom est rarement venu sans mention des 42-millions-d'euros qu'il a coûté en transfert, mais il émarge à 13 buts en Ligue 1 et est parvenu à revenir après une longue période de méforme. 
Le bilan global des recrues est à ce jour contrasté, entre de franches réussites (Ménez, Sirigu, Matuidi) et des déceptions plus relatives (Thiago Motta, Alex, Maxwell, Lugano). Chez les joueurs présents ou engagés avant l'arrivée de QSI, les bouleversements ont fait des perdants (Sakho, Ceara, Gameiro, Chantôme...) et des gagnants (Nenê, Jallet) [1]. Sur le plan tactique, Carlo Ancelotti n'a pas dégagé de projet très déterminé, mais sauf à le prendre pour un magicien, faut-il s'en étonner au bout de cinq mois d'exercice?
D'évidence, c'est la saison prochaine qu'il faudra juger des progrès du nouveau PSG, bien plus de conditions étant réunies pour que la puissance financière du club se traduise sur le terrain, sous la houlette d'un entraîneur qui aura alors plus largement choisi son effectif. 
Ceux qui, avec quelque raison, craignent le début d'une longue hégémonie parisienne pourront cependant invoquer deux puissantes forces contraires: l'aléa sportif et les atavismes d'un club doué pour les catastrophes. En 2012/13, les résultats du Paris Saint-Germain ne seront pas encore tout à fait garantis.

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