vendredi 23 mars 2012

Polémiques autour de Mohamed Merah ....





Au lendemain de l'intervention du RAID qui s'est soldée par le mort de Mohamed Merah, nombre de commentateurs refont l'opération. Christian Prouteau, le fondateur du Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), s'en prend, vendredi, dans Ouest-France, à l'assaut du RAID à Toulouse. "Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ?" demande l'ancien gendarme.


Il critique la volonté de coincer Mohamed Merah chez lui. "On aurait pu lui tendre une souricière", explique-t-il. "Attendre qu'il sorte et le coincer". "Cela peut paraître présomptueux", ajoute-t-il, "mais, en soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n'y a pas eu un mort." Enfin, il ajoute : "Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène. Il n'aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tour de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l'a incité à continuer sa "guerre".


Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne, qui s'occupe des questions militaires depuis une vingtaine d'années revient aussi sur les questions que pose l'opération : "Quelque chose s'est mal passé. D'un point de vue purement technique, cette opération s'apparente à un échec", avant de conclure "l'heure est déjà aux critiques dans le tout petit monde du contre-terrorisme".


Jeudi, le patron du RAID, Amaury de Hauteclocque, expliquait au Monde le déroulement de l'opération de 32 heures qui a abouti à la mort de Mohamed Merah.
èè Des membres du RAID et de la police après l'assaut contre Mohamed Merah. | AFP/REMY GABALDA 


LA DCRI EN QUESTION


Le premier ministre français, François Fillon, affirme, vendredi matin sur RTL, qu'il n'existait "aucun élément permettant d'appréhender Mohamed Merah", tueur présumé de sept personnes dans le sud-ouest. "On n'a pas le droit dans un pays comme le nôtre de surveiller en permanence sans décision de justice quelqu'un qui n'a pas commis de délit (...) Nous vivons dans un Etat de droit". 


Mohamed Merah, pourtant connu et fiché pour ses penchants radicaux et ses voyages au Pakistan et en Afghanistan. Marine Le Pen, a demandé un "débat" sur cette question. Le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a dit comprendre qu'on se demande s'il y avait une "faille" mais a ajouté ne disposer d'aucun élément donnant à penser qu'il y en ait une. Le candidat centriste François Bayrou a remarqué que Mohamed Merah avait pu trouver les moyens financiers d'un certain train de vie et des armes sans attirer l'attention, malgré ses voyages dans la zone pakistano-afghane.


Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a évoqué à son tour jeudi soir à Aurillac "une faille" dans la surveillance de Mohamed Merah, estimant qu'"à la suite du drame de Toulouse et de Montauban des questions seront nécessairement posées". Il faut, selon lui, "surtout mieux coordonner nos équipes, les services qu'on appelle DCRI, DGSE qui doivent travailler dans le même sens pour être efficaces".


INTERDITS DE VOL AUX ÉTATS-UNIS


Mohamed Merah figurait sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis, a-t-on appris auprès d'un responsable du renseignement américain. Le meurtrier de trois enfants et d'un enseignant juifs, ainsi que de trois parachutistes, figurait depuis "un certain temps" sur cette liste américaine qui regroupe des suspects de terrorisme, a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat. L'information est aussi diffusée par le Wall Street Journal.


Cette liste dressée par les autorités américaines interdit à ceux qui y figurent d'embarquer sur des vols à destination et en provenance des Etats-Unis. Enumérant les principaux "critères" de cette liste, ce responsable a précisé que les "individus doivent présenter des doutes raisonnables d'être impliqués dans une activité terroriste présumée, être considérés comme une menace pour un avion et pour la sécurité nationale, et être capables de faire écraser un appareil".
Les regrets de Gérard Longuet 


Gérard Longuet, ministre de la défense, a assuré vendredi qu'il y avait des "leçons à tirer" des événements de Toulouse et Montauban. "La mission est accomplie", a déclaré sur Canal+ le ministre. "Mais face à un événement de cette importance, il y a un devoir absolu, c'est d'en tirer le maximum de leçons, chacun dans sa sphère de responsabilités". Ce qui ne signifie pas "écouter les donneurs de leçons".


Ainsi, a-t-il observé, concernant les 300 000 personnels militaires et civils de la défense : "tous les jours il y a des événements, accidents de la route, décès... 


Tout ce qui se passe à l'intérieur de l'unité, nous le suivons et nous l'analysons immédiatement". Mais dans la première affaire, le meurtre d'un maréchal des logis à Toulouse, "je m'en veux de ne pas avoir appelé le chef de corps au lendemain de l'assassinat", a dit M. Longuet. "Il m'aurait dit: c'est un garçon bien, c'est une famille bien, c'est incompréhensible". "Comme l'assassinat avait eu lieu en dehors des heures de service, en dehors du quartier et sans l'uniforme, on s'est dit : laissons la justice ...", a poursuivi M. Longuet. "Je crois qu'on aurait peut-être gagné du temps", a-t-il dit.

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